Le 14 décembre 2024, Mayotte était gravement éprouvé par le passage du cyclone Chido, le plus violent de l’océan Indien depuis un siècle. Bilan, 40 morts et un archipel totalement dévasté. Un an après, l’état des lieux est accablant. Témoignage.
Alors que Mayotte est entré depuis quelques semaines dans la saison des pluies, dont l’acmé en termes de mousson se situe entre décembre et mars, difficile pour ses habitants de ne pas craindre le pire. Comment pourrait-il en être autrement quand, par ailleurs, les stigmates du cyclone Chido qui a dévasté l’archipel sont partout visibles un an après son passage, le 14 décembre 2024 ? Carcasses de bateaux coulées et abandonnées dans le port de Mamoudzou, maisons et bâtiments publics, dont des écoles, encore endommagés, pénuries régulières de produits de première nécessité, tels que l’eau en bouteille ou les yaourts, sans oublier les monticules de déchets qui défigurent les abords des communes, faute d’avoir été enlevés… autant de traces vivaces d’une catastrophe loin d’être effacée.
« On espère, on croit, on attend »
« Depuis Chido, rien n’a changé, seule la nature s’est transformée, rapporte Antufaty Hafidhou, présidente de France Assos Santé Mayotte. On est au point de mort. » Un diagnostic auquel font écho les propos de Davy Rimane, député de Guyane et président de la délégation outre-mer de l’Assemblée nationale qui s’est rendue à Mayotte, début décembre. Motif de ce déplacement, « voir ce qui est mis en œuvre, a expliqué l’élu guyanais sur les antennes de Mayotte 1ere, le 2 décembre dernier. Parce qu’il y a des choses qui sont dites, on veut savoir si elles sont traduites sur le terrain ». Également invitée à s’exprimer sur les ondes de la radio mahoraise en tant que membre de cette mission parlementaire et élue locale, Anchya Bamana a fait un premier constat de « plusieurs retards accumulés », citant, notamment, « le fonds d’amorçage dont les collectivités mahoraises peinent à voir la couleur et les écoles en rotation à cause des salles endommagées, tandis que les mesures issues des lois ne sont pas appliquées ».
En résumé, le compte n’y est pas, si l’on se rapporte effectivement aux engagements pris à deux reprises, avec d’abord le vote en février d’une loi d’urgence pour faire face aux conséquences immédiates du cyclone, puis en août l’adoption une loi de programmation pour la refondation de Mayotte. Or, à l’exception des bidonvilles qui ont repoussé en un temps record, grâce à la récupération des taules arrachées sous la force des vents cycloniques, les Mahorais en sont réduits à composer avec leur légendaire patience. « On espère, on croit, on attend, scande Antufaty Hafidhou. Toutefois, il y a quinze jours, les premières aides – quelques tonnes d’aliments pour les populations les plus vulnérables – sont arrivées à Sada, une commune située au centre-ouest de l’île. Espérons que les autres suivront vite… » Pour enfin amorcer la reconstruction promise par l’Etat.
Une commémoration en berne
Dans l’immédiat, tout est au ralenti. Toutes les 36 h, l’accès à l’eau potable est coupé, à chacune et chacun de faire le nécessaire pour remplir bidons, cuvettes et seaux, la réparation des maisons est suspendue au versement des indemnités des assurances et le toit du centre hospitalier de Mamoudzou est toujours bâché – en pleine saison des pluies. Mais bonne nouvelle, souligne la présidente de France Assos Santé Mayotte, de nouveaux médecins généralistes sont arrivés. Le manque de médecins spécialistes, et notamment d’oncologues alors même que le cancer touche entre 5 et 6% de la population, reste toutefois extrêmement pénalisant pour les Mahorais, obligés – du moins ceux qui le peuvent – de se rendre à La Réunion, voire en métropole pour se faire soigner. Pour autant, les conditions de prise en charge sont loin d’être optimales. « Récemment, une patiente qui avait été opérée trois jours plus tôt pour une ligature des trompes a été priée de rentrer chez elle, alors même qu’elle ne pouvait pas se lever, sans aide. Ce sont ses proches, venus la chercher, qui ont dû la soulever pour l’installer dans un fauteuil roulant et l’amener jusqu’à leur voiture », raconte Antufaty Hafidhou, avant d’ajouter que les associations de patients et des usagers font tout leur possible pour aider les personnes malades qui les contactent. Et de conclure : « Il n’y a que des problèmes qui s’ajoutent, jamais de solution ».

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