Don de sang : la France mobilisée pour le plasma

A l’occasion de la Journée mondiale du donneur de sang, ce 14 juin, la France célèbre ses donneurs et lance un appel à la solidarité. L’Établissement français du sang, qui fête cette année ses 25 ans, veut en profiter pour relever un défi majeur : collecter suffisamment de plasma pour garantir l’accès aux traitements vitaux à tous les patients.

Des bâtiments historiques et des mairies illuminés en rouge, des collectes festives et des animations dans les lieux de don, des messages de sensibilisation diffusés sur les réseaux sociaux… A l’occasion de la Journée mondiale du donneur de sang, ce 14 juin 2025, l’Etablissement français du sang (EFS), la Fédération française pour le Don de Sang Bénévole (FFDSB) et les quelque 2 600 associations locales de donneurs réparties sur le territoire se mobilisent et battent le rappel. « Cette journée permet à la fois de remercier les donneurs et d’encourager de nouvelles personnes à les rejoindre », résume Bernard Bironneau, le secrétaire général de la FFDSB. A travers le slogan « Tous unis par le don », l’EFS entend également souligner que le don de sang n’est pas qu’un acte individuel : c’est avant tout un geste qui rassemble les donneurs de toutes origines, les bénévoles, les professionnels de santé et les malades. Bref, un engagement de chacun au service de tous.

Une question de souveraineté

Cette année, la Journée mondiale a un accent particulier puisqu’elle coïncide avec le 25e anniversaire de l’EFS, créé en janvier 2000, quelques années après le scandale du sang contaminé, pour renforcer la sécurité et la disponibilité des produits sanguins partout en France. « C’est l’opérateur unique, du prélèvement jusqu’à la distribution », décrit Bernard Bironneau. Après quelques secousses financières au cours des dernières années, la situation de l’établissement est désormais assainie. « C’est un tournant historique, note son président Frédéric Pacoud. Nous avons désormais les moyens de nous moderniser et de nous renforcer. Et le premier défi que nous devons relever est celui du plasma. »

De très nombreux patients atteints de maladies chroniques ont en effet besoin de médicaments fabriqués à partir des protéines présentes dans le plasma sanguin, en particulier l’albumine, les immunoglobulines et les facteurs de coagulation. « Un malade en déficit immunitaire peut nécessiter entre 300 et 500 poches de plasma par mois pour qu’y soient recueillies les protéines dont il a besoin, souligne Bernard Bironneau. Sans les traitements qu’elles permettent de produire, sa qualité de vie – voire sa vie elle-même – serait immédiatement menacée. » Problème, si la France est autosuffisante en produits sanguins labiles (globules rouges, plaquettes), c’est loin d’être le cas pour le plasma. Elle doit ainsi importer les deux-tiers de ses besoins en immunoglobulines, essentiellement depuis les Etats-Unis où les dons sont rémunérés.

L’ambition plasma de l’EFS

Pour améliorer la situation, l’EFS a dévoilé son Ambition plasma. Objectif : passer de 900 000 litres collectés aujourd’hui à 1,4 million en 2028. « Pour cela, nous devons porter le nombre de donneurs à 360 000, contre 160 000 actuellement. C’est une question de souveraineté sanitaire », avance Frédéric Pacoud. Les acteurs de la collecte peuvent s’appuyer pour cela sur la perception favorable que les Français ont de l’écosystème transfusionnel : 89 % ont une bonne image de l’EFS et l’indice de confiance des donneurs s’élève à 9 sur 10. Cette estime, forcément nécessaire, ne sera cependant pas suffisante pour atteindre les ambitieux objectifs. L’EFS a donc mis en place d’importants investissements afin d’accroitre ses capacités de prélèvement. D’abord en élargissant les horaires d’ouverture et en créant une vingtaine de nouvelles Maisons du don, les seuls lieux où les collectes de plasma sont possibles. Si la France en compte 107, « dans certains départements, il n’y en a aucune, regrette Bernard Bironneau. L’ensemble de la région Picardie, par exemple, n’en dénombre qu’une seule. » Une proposition de loi qui devrait être examinée prochainement par les députés prévoit en outre d’autoriser les salariés et les agents publics à donner leur sang pendant leur temps de travail. Autre adaptation réglementaire, le délai imposé entre un tatouage ou un piercing et un don de sang va être ramené de quatre à deux mois à partir de septembre prochain.

Parallèlement, des machines d’aphérèse supplémentaires servant à séparer les éléments qui composent le sang vont également renforcer l’arsenal, tout comme de nouveaux salariés qui vont être recrutés. Enfin, pour convaincre les citoyens de participer à la solidarité nationale en devenant donneurs, un travail de communication est entrepris qui consiste à expliquer les enjeux, notamment en mettant en lumière les parcours de bénévoles, donneurs et patients dont la vie repose sur les dons. Ainsi de Margaux, 6 ans, dont la maladie rare qui affecte sons système immunitaire ne peut être contrôlée qu’à l’aide de cures régulières d’immunoglobulines. Sans elles, ses nerfs subiraient des attaques irréversibles et la fillette serait déjà clouée dans un fauteuil roulant. Ainsi encore de Sam qui, à seulement 20 ans, a déjà donné son sang et son plasma une trentaine de fois. « En tout, j’ai contribué à soigner 90 personnes », se réjouit-il. Pierre, quant à lui, est donneur depuis 45 ans : « Mon père organisait déjà des collectes. J’ai commencé à donner lorsque j’étais étudiant, puis j’ai continué à l’armée. Chaque don donnait alors droit à un jour de permission. Je me souviens d’un temps où l’on nous servait un verre de vin après la collecte ! » Moins de 4 % des Français de 18 à 70 ans font comme Pierre et donnent leur sang au moins une fois par an. Pour le président de l’EFS, aucun doute : « On peut faire mieux ! »

Le don de plasma en pratique

Réalisé uniquement dans une Maison du don, le don de plasma commence par une autoévaluation en ligne pour vérifier que les principaux critères sont remplis : être âgé de 18 à 65 ans, peser plus de 55 kg, ne pas présenter de contre-indication médicale. Le site ou l’application mobile de l’EFS permettent ensuite de prendre un rendez-vous. Le jour J, après un nouveau questionnaire et un rapide entretien médical, vient le moment du don. Le sang est prélevé comme pour un don classique puis il circule dans une machine d’aphérèse où il est centrifugé. Le plasma est alors séparé des autres composants qui sont ensuite restitués au donneur. « L’opération prend un peu plus de temps que pour un don de sang total, décrit Bernard Bironneau. Il faut compter environ 1h30 entre l’entretien préalable et la collation qui suit la collecte, contre 10 à 15 minutes. En contrepartie, le don de plasma restitue les globules rouges : il est donc beaucoup moins fatigant. » On peut même pratiquer une activité physique dans la foulée et réaliser jusqu’à deux dons par mois.

Du covoiturage pour donner plus facilement

Dans de nombreuses zones du territoire, rejoindre une Maison du don relève du casse-tête. Pas de transport en commun, de longues distances à parcourir pour atteindre la première grande ville : sans véhicule personnel, c’est mission impossible. Répondre à cette difficulté est l’un des objectifs que se sont fixé la FFDSB et son réseau d’associations locales. Pour y parvenir, ils ont mis en place un covoiturage : « Les associations prennent des créneaux de réservation auprès des Maisons du don afin que les donneurs qui seront transportés aient des horaires de rendez-vous proches, détaille Bernard Bironneau. Elles assurent ensuite le covoiturage dans des véhicules leur appartenant, ou prêtés par des collectivités ou des clubs sportifs partenaires. »

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