Relèverez-vous le défi « Juin sans sucres ajoutés » ?

Nous sommes en plein défi « Juin sans sucres ajoutés », et bonne nouvelle, il n’est pas trop tard pour rejoindre le mouvement ! Initié il y a 2 ans par l’association SOS Hépatites & maladies du foie, déjà rejointe par plusieurs partenaires, cette année le défi est accompagné par une équipe de chercheurs de l’Inserm. Objectifs : sonder les participants via un questionnaire en ligne pour analyser les enjeux, sensations, changements de comportements de ceux qui réduisent ou stoppent leur consommation de sucres ajoutés au cours de ce mois de juin.

Quand on pense à l’impact de sa consommation de sucre sur sa santé, on pense surtout diabète ou surpoids, mais on pense moins aux pathologies du foie. C’est pourtant un vrai sujet, pris à bras le corps il y a 3 ans par l’association SOS Hépatites & maladies du foie, particulièrement engagée autour d’une maladie qui malheureusement gagne du terrain : la maladie du foie gras, ou stéatose hépatique, qui concerne près de 8 millions d’adultes dans l’Hexagone. En effet, une surconsommation de sucres entraîne une accumulation de graisses au niveau du foie. Or dans 10 à 20 % de ces cas, la stéatose évolue en inflammation chronique du foie (connue sous le nom de MASH signifiant en français « stéatohépatite associée à un dysfonctionnement métabolique »), pouvant dégénérer en cirrhose (même si on ne boit pas d’alcool), voire en cancer, chez certains patients. La MASH est désormais responsable en France de 7 000 décès par an.

Pour faire connaître cet enjeu de santé publique, SOS Hépatites a donc lancé en 2023 la première édition de « Juin sans sucres ajoutés », mobilisant alors 400 personnes. En 2024, elles ont été 3 500 à relever le défi ! Et cette année, rejointe par de nouveaux partenaires, l’association espère toucher toujours plus de participants encore.

« Parmi nos premiers soutiens, on compte des associations comme l’AFPric qui est sensibilisée à l’impact d’une alimentation la moins inflammatoire possible pour les personnes souffrant de polyarthrite et de rhumatismes inflammatoires chroniques. Transhépate, France Lyme, France Assos Santé ou Fédération Addiction, pour ne citer qu’eux, ont aussi rejoint l’aventure ! », se réjouit Thomas Laurenceau, bénévole à SOS Hépatites-Pays-de-la-Loire et membre du comité « Juin sans sucres ajoutés ».

Le défi « Juin sans sucres ajoutés » : comment ça marche ?

Le défi est ouvert à tous, chacun à son rythme. On peut le prendre en cours de route, s’arrêter avant la fin du mois de juin, essayer seulement pendant une semaine, etc.

L’idée de ce défi est surtout d’évaluer nos habitudes et nos réactions face à notre consommation de sucres ajoutés. Avez-vous invariablement besoin de terminer un repas par une note sucrée ? Pouvez-vous vous passer de sucre dans votre café ? Avez-vous une fringale sucrée en milieu de matinée ou d’après-midi ? Savez-vous d’ailleurs reconnaître et éviter ces sucres ajoutés ? Y a-t-il des sucres ajoutés cachés dans les produits que vous achetez régulièrement, même au rayon salé ? Juin est peut-être l’occasion de prendre le temps de lire les étiquettes de vos produits préférés !

Pas question pour autant d’éliminer tous les glucides pendant le défi. On conserve les fruits, les céréales, les pommes de terre, etc.

« Surtout on fait de son mieux et on suit son instinct ! S’il y a une fête, un événement particulier et que l’on a envie d’une note sucrée, on peut tout à fait se l’autoriser. Il est même intéressant de voir si l’on réussit à se limiter à une portion raisonnable et à se remettre facilement dans le défi le lendemain. En général, ce sont les 3 premiers jours qui sont difficiles à tenir, après l’envie de sucre passe pour la plupart des gens », souligne Thomas Laurenceau.

L’essayer c’est l’adopter !

« Dès la mise en place de cette manifestation, nous voulions proposer un questionnaire pour recueillir le vécu de participants volontaires par rapport à ce défi et valider ou non son intérêt. L’an dernier, sur 3 600 participants, 2 000 ont également collaboré à notre étude et ces premiers résultats nous ont permis déjà de dégager de grandes tendances », précise Thomas Laurenceau. Notons déjà que 92 % des participants étaient des femmes (un constat à creuser quand on sait que la stéatose touche davantage les hommes), que 89 % se disent satisfaits de l’expérience et que 81 % désirent poursuivre les habitudes prises pendant le défi.

C’est le cas de Virginie, participante au défi l’an dernier qui précise : « J’avais déjà ralenti le sucre quelques mois auparavant, et c’est en découvrant « Juin sans sucres ajoutés » sur les réseaux sociaux que j’ai eu envie d’aller plus loin. Psychologiquement je n’ai pas trouvé cela difficile. Le plus dur a été de modifier mes habitudes d’achat, de trouver les bons produits pour compenser et je suis fière finalement d’avoir relevé ce défi. J’ai même continué par la suite à faire plus attention aux sucres ajoutés et cette année, je rempile ! ». La plupart des participants ont eu moins de fringales entre les repas, ont senti qu’ils gagnaient en vitalité, en bonne humeur et ont eu une amélioration de la qualité de leur sommeil. Par ailleurs, un tiers des répondants ont perdu du poids.

Pour Fabienne, la motivation était claire : sa santé ! « J’étais en fibrose hépatique de stade 3, et je suis passée en stade de stéatose 2 grâce à la suppression de sucres et un rééquilibrage alimentaire », se félicite la participante au défi, qui désormais poursuit ses nouvelles habitudes alimentaires. Elle commente : « Je n’ai pas trouvé difficile de me passer de sucres ajoutés, à part les premiers jours et c’est d’autant moins difficile qu’aujourd’hui les sucres me laissent une amertume en bouche. En revanche, il n’est pas évident d’éviter tous les sucres cachés ».

Un défi corrélé à une étude participative accompagnée par l’Inserm

Ces résultats ont été pertinents au point d’attirer l’attention de l’unité de recherche SESSTIM qui dépend de l’Inserm, de l’IRD et d’Aix-Marseille-Université. « C’est une véritable reconnaissance pour notre petite association de susciter l’intérêt et d’être soutenue dans notre étude par cette belle équipe de chercheurs », se félicite Thomas Laurenceau. Fabienne Marcellin, ingénieure de recherche au SESSTIM nous explique pourquoi l’équipe CaLIPSo de cette unité de recherche collabore désormais à « Juin sans sucres ajoutés » : « Il nous semble intéressant d’adosser à l’outil de promotion de la santé qu’est ce défi, un projet collaboratif à visée scientifique qui permettrait de répondre à des questions de recherche. La recherche dite « participative », qui croise des compétences académiques avec des savoirs expérientiels issus du terrain, se développe de plus en plus. Cette approche permet d’obtenir des résultats scientifiques, publiables dans des revues médicales, et de communiquer auprès du grand public pour faire de la prévention à la fois en amont de l’apparition de maladies aggravées par une trop grande consommation de sucres et également pour les personnes déjà malades ».

En effet, le SESSTIM, qui travaille depuis longtemps sur les pathologies chroniques du foie, développe un axe de recherche sur la stéatose hépatique et l’obésité, en prévention des cancers. Ce qui est en outre particulièrement intéressant pour l’équipe de chercheurs, c’est que ce défi et l’étude associée rassemblent à la fois des personnes souffrant de stéatose hépatique (et d’autres maladies métaboliques en lien avec l’alimentation) et des personnes en bonne santé. Cela permet de faire des comparaisons probantes entre différents sous-groupes. En effet, en 2024, près d’un quart des participants au défi déclaraient souffrir d’au moins une maladie métabolique (obésité, stéatose, diabète). « Nous allons essayer de répondre avec des échelles psychométriques standards au fait qu’il y a, ou non, des changements de comportements et de ressentis à la diminution ou à l’arrêt des sucres ajoutés, comme par exemple, l’amélioration significative du sommeil, qui est un point qui est souvent ressorti suite à l’étude de l’an dernier. Nous avons donc proposé des questions plus spécifiques pour évaluer l’impact de la diminution de sucres notamment sur la qualité du sommeil, mais aussi sur l’irritabilité ou sur d’autres comportements favorables à la santé comme l’activité physique », illustre la chercheuse, en guise de pistes à approfondir.

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