accouchements en maison de naissance. Reportage au CALM

Reportage : accoucher en maison de naissance

A l’instar du modèle allemand ou canadien, les maisons de naissance désormais autorisées en France sont des structures gérées par des sages-femmes qui y assurent l’accompagnement de la grossesse, pratiquent les accouchements et s’occupent également du suivi post-partum.

En effet, le 1er août 2015 un décret encadrant légalement les maisons de naissance a permis à la loi de 2013 sur l’expérimentation de ces maisons de naissance de se mettre concrètement en place dans l’hexagone. Après étude des dossiers et négociations avec les assureurs, 9 maisons de naissance vont faire partie de cette expérimentation d’une durée de 5 ans.

66 Millions d’IMpatients s’est rendu au sein de l’une d’entre elles, le CALM (acronyme de « Comme à la maison »), à Paris, qui a pratiqué une quinzaine d’accouchements depuis le 1er avril, date où le CALM a officiellement commencé l’expérimentation.

Une association d’usagers et de sages-femmes

A la base, le CALM est une association créée il y a 7 ans, à l’initiative de parents et de sages-femmes militant pour la mise en place des maisons de naissance en France, et plus largement pour la liberté de choix dans le cadre de la grossesse et de l’accouchement.

En parallèle, lors de la construction de la clinique des Bluets, à Paris, le CALM a bénéficié de l’installation de locaux spécifiquement imaginés afin de permettre à des sages-femmes d’assurer le suivi de grossesse de leurs patientes et de les accompagner durant leur accouchement.

Accouchement au CALM avant la mise en place de l’expérimentation

En pratique, le début du travail se déroulait au sein des locaux du CALM, qui possède deux salles de naissance. En réalité, ce sont deux chambres particulières disposées « comme à la maison », avec une baignoire, un lit, une salle-de-bain, et ne ressemblant pas vraiment à une chambre d’hôpital. Les futurs parents pouvant même amener leurs propres draps et tout ce dont ils ont envie pour personnaliser cet espace à leur convenance.

Puis quand la sage-femme jugeait que le temps était venu, elle n’avait qu’un ascenseur à prendre avec les parents pour rejoindre le plateau technique de la maternité des Bluets où le bébé allait naître. En cas de problème durant l’accouchement, la sage-femme pouvait très simplement demander un transfert et sa patiente était alors prise en charge par un obstétricien des Bluets.

Accouchement au CALM depuis la mise en place de l’expérimentation

Mais depuis le 1er avril 2016, les choses ont un peu changé puisque désormais les sages-femmes peuvent rester avec les futures mamans dans les locaux du CALM jusqu’à la fin de l’accouchement !

« C’est un confort pour les mamans, car il n’y a aucune rupture durant le travail » explique Eve, sage-femme au CALM. « Par exemple, beaucoup de futures mamans aimeraient accoucher dans la baignoire, jusque là c’était évidemment impossible, et l’idée même de devoir sortir de la baignoire où les mamans se sentent souvent très soulagées, se sécher, se rhabiller pour partir sur le plateau technique était un frein à cette pratique. Mais maintenant, les mamans sont libres de faire ce qu’elles veulent ! La plupart du temps, leur préférence est d’accoucher à 4 pattes. Les étriers c’est très utile quand il y a des actes médicaux à réaliser mais quand l’accouchement se passe bien, ce n’est pas forcément la position idéale pour mettre au monde un bébé », ajoute Eve. Bien entendu, en cas de problème, les transferts vers les Bluets sont toujours aussi rapides qu’avant.

Enfin, si tout se passe sans complications, l’autre grande différence entre une maison de naissance et une maternité est qu’après l’accouchement il n’y a pas d’hospitalisation. Les parents restent 4 à 8 heures au CALM, sous la surveillance de la sage-femme qui prend soin autant du bébé que de la maman, puis la petite famille peut rentrer chez elle. La sage-femme assure ensuite un suivi dans les jours postérieurs à la naissance, et une visite pour le nouveau-né, chez un pédiatre ou un médecin généraliste doit avoir lieu le 7ème jour.

Les maisons de naissance sont des structures médicalisées !

Margaux Dassieu, bénévole élue au conseil d’administration du CALM et elle-même maman prise en charge au CALM il y a quelques mois, tient à préciser qu’un accouchement en maison de naissance n’est pas un accouchement sous-médicalisé ! Les sages-femmes ont bel et bien une formation médicale ! La différence, c’est qu’en maison de naissance, les accouchements suivent le processus physiologique. De fait, un accouchement de ce type se déroulera sans péridurale. Cependant, la consultation avec un anesthésiste au cours de la grossesse reste obligatoire.

Les sages-femmes ne prennent évidemment aucun risque et il y a quelques conditions pour accoucher au CALM (comme dans n’importe quelle maison de naissance…) :

  • Habiter à moins de 40 minutes de trajet
  • Que la maman soit en bonne santé
  • Qu’il ne s’agisse pas d’une grossesse gémellaire
  • Que la maman n’ait jamais subi de césarienne
  • Que la grossesse se déroule normalement
  • Que le bébé se présente par la tête
  • Que la grossesse arrive à terme
  • Que le bébé soit en bonne santé dans l’utérus

Des échanges et un accompagnement très personnalisé

Accoucher en maison de naissance ne veut donc pas dire que les futures mamans sont moins bien suivies. Au CALM, l’accompagnement est même particulièrement valorisé. Chaque maman est suivie par une seule et même sage-femme tout au long de la grossesse et si possible lors de l’accouchement. Si la sage-femme référente n’était pas disponible ce jour-là, la future maman aura cependant forcément rencontré sa remplaçante. En outre, comme le CALM est une structure associative, la notion de partage y est très importante. Il y a beaucoup d’évènements, d’ateliers, de rencontres qui sont organisés, notamment un cours de yoga hebdomadaire. La maison de naissance est organisée autour d’une grande salle polyvalente qui sert d’accueil, de cuisine, de bibliothèque, de salon, où les (futurs) parents (les mamans ET les papas) peuvent venir librement pour passer un moment, parler, échanger entre eux.

Les places au CALM sont-elles chères ?

Pour s’inscrire au CALM, il faut tout d’abord venir à la réunion d’informations qui a lieu une fois par mois. Margaux Dassieu nous confie qu’entre les futurs parents qui habitent trop loin, ceux dont la grossesse est à risque et le nombre limité d’accouchements réalisables au CALM, environ 50% des parents sont refusés… Il faut en effet savoir que le CALM compte réaliser 125 accouchements par an et que, comparativement, la maternité des Bluets met au monde 3000 bébés sur une année. Au sens figuré, les places sont donc assez chères…

Au sens propre, Margaux précise qu’accoucher au CALM coûte plus cher qu’un accouchement classique pour la patiente, mais qu’il coûte moins cher pour la sécurité sociale. Cherchez l’erreur !

En effet, les coûts de fonctionnement d’une maison de naissance sont bien moindres que ceux d’une maternité, sans compter que l’Assurance maladie n’aura pas à prendre en charge l’hospitalisation de l’enfant et de sa maman après la naissance, cependant les actes en maison de naissance sont moins bien pris en charge par les caisses d’assurance maladie. C’est le cas notamment pour l’obligation de la présence d’une seconde sage-femme pendant les accouchements, qui n’est pour l’instant pas prise en charge par l’assurance maladie. Pour l’instant le CALM veut faire en sorte de ne pas répercuter ce coût sur les parents et les sages-femmes le font bénévolement mais ce système n’est pas viable sur le long terme.

En outre, cette année, alors que l’expérimentation commence, le loyer du CALM passe de 10 000 euros par an à 100 000 euros par an ! Un surcoût faramineux pour les sages-femmes qui gèrent le CALM et sont alors contraintes de pratiquer des dépassements d’honoraires (7€ de dépassement pour une consultation, 16,4€ de dépassement pour une séance de préparation à la naissance et 650€ de dépassement pour l’accouchement). Heureusement, une aide va être normalement apportée par l’ARS à hauteur de 150 000€ annuels, qui permettra de payer le loyer. Mais c’est fort dommage que cette aide ne puisse servir, comme c’était plutôt prévu à l’origine, à améliorer les conditions d’accueil et de prise en charge des patientes et de leur bébé.

Témoignages

Lors de notre passage au CALM, nous avons eu la chance de rencontrer quelques futures et jeunes mamans qui venaient pour le cours de yoga. Voici comment elles vivent cette expérience de naissance…

Magali est enceinte de son deuxième enfant. Au premier accouchement elle avait été suivie à la clinique des Bluets et c’est là qu’elle a entendu parler du CALM par l’une des sages-femmes. Lors de son premier accouchement, elle avait envisagé un accouchement dans l’eau mais par manque de confiance, appréhension de l’inconnu, elle n’avait pas osé entreprendre ce type de démarche. Cependant comme son premier accouchement s’est bien passé et que les contractions ne lui ont pas semblé insurmontables, elle a décidé de s’inscrire au CALM pour sa seconde grossesse. Cette fois-ci, elle espère bien pouvoir accoucher dans l’eau !

Seul point noir dans tout ceci, les réactions de son entourage. Elle a entendu des réflexions vraiment très dures comme « Elle veut accoucher sans péridurale, mais elle finira par pleurer comme tout le monde et la réclamera » ou bien encore « Les maisons de naissance c’est bien, mais il ne faut pas s’étonner que des maternités ferment ».

Pauline vient d’accoucher d’un petit Paul. Elle était attirée par l’accompagnement global mis en place au CALM, par les échanges avec les futurs parents, la médicalisation minimum et le fait de pouvoir bouger, déambuler librement pendant l’accouchement. Au contraire de Magali, la famille de Pauline est très ouverte sur le sujet. Quelques-uns sont un peu dubitatifs mais le fait de savoir que le plateau technique est tout près les rassure. Malheureusement son accouchement ne s’est pas déroulé comme elle l’avait imaginé car Paul est né prématuré et la naissance a donc eu lieu à la maternité. Mais elle assure qu’elle renouvellerait l’expérience pour une seconde grossesse !

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