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Sécurité des produits d’hygiène féminine : les fabricants invités à ne plus s’en tamponner.

La question de l’innocuité des tampons et serviettes hygiéniques a récemment défrayé la chronique. Le mutisme des fabricants s’est heurté à la détermination d’une jeune femme. Les réseaux sociaux et les médias ont fait le reste et contraint les pouvoirs publics à se saisir du sujet.

La sécurité des femmes progresse… un peu. Quelle meilleure journée pour l’annoncer que celle qui leur est consacrée aujourd’hui ? En cause, la composition des tampons et des serviettes hygiéniques que les fabricants se refusaient jusqu’à présent de divulguer.

En août dernier, une jeune femme, Mélanie Doerflinger, a lancé une pétition pour demander à la multinationale Procter&Gamble (Tampax, Always) « de faire apparaître la composition des tampons sur leurs emballages afin que toutes les utilisatrices, françaises et européennes, sachent ce qu'elles mettent durant leurs périodes menstruelles ».

"On fait attention à ce qu'on mange mais les tampons, alors qu'ils sont en contact étroit avec notre corps, on ne sait rien dessus",  s'indigne Mélanie Doerflinger

Les fabricants peu transparents sur leurs produits

La société américaine, qu’on connaît aussi pour ses balais Swiffer, la lessive Ariel ou encore les couches Pampers, n’a pas daigné répondre à la jeune femme. Ses courriers adressés à la ministre de la santé, à l'OMS ou encore à la Commission européenne n’obtiendront, dans un premier temps, pas plus de succès.

Sollicitées, à la suite de cette initiative par 60 millions de consommateurs, les sociétés qui commercialisent les produits d’hygiène féminine ont d’assez mauvais gré communiqué les informations sur la composition des tampons périodiques et serviettes hygiéniques que le mensuel rend public sur son site.

Les analyses chimiques effectuées par les experts du magazine, publiées récemment, montrent que plusieurs produits d’hygiène féminine commercialisés en France contiennent des substances peu recommandables. Dioxines, pesticides, composés organiques halogénés… Les taux relevés sont faibles, mais ils sont là. Et appellent à s’interroger sur le sérieux qui anime les fabricants dans la conception de leurs produits.

« Ce n’est pas parce que les taux sont faibles, indique le Dr Jean-Marc Bohbot, infectiologue et directeur médical de l’Institut Fournier, cité par le mensuel de consommation, que l’on peut garantir le risque zéro. En l’absence d’étude sur le passage systémique de chaque substance à partir du vagin, on ne peut rien conclure. D’autant que le vagin a une perméabilité très sélective en fonction des substances ».

L’Anses et la Commission européenne bientôt saisies de la question

Le succès de la pétition de Mélanie Doerflinger (222 698 signatures au moment de publier ce papier) et le buzz engendré par la publication de l’enquête de 60 millions de consommateurs ont contraint les pouvoirs publics à se bouger. Le 4 mars, Martine Pinville, Secrétaire d’Etat chargée de la Consommation, réunissait au ministère de l’Economie, les fabricants et distributeurs de produits de protection féminine.

Dans la foulée, la secrétaire d’Etat a annoncé avoir demandé à la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF) de conduire une campagne de contrôle en laboratoire de l’ensemble des produits de protection féminine mis sur le marché.

L’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) devrait par ailleurs être saisie prochainement dans le but de préciser les risques associés à l’utilisation des serviettes et tampons hygiéniques. Tout comme le sera la Commission européenne à qui Martine Pinville demande « qu’une réflexion sur les règles de sécurité applicables à ces produits puisse être engagée en Europe, et que les campagnes de contrôle puissent être coordonnées ».

Les réseaux sociaux au secours des consommatrices

A l’occasion de la conférence de presse de bilan annuel de la DGCCRF qui s’est tenue hier, la secrétaire d’Etat a estimé que les pouvoirs publics ont « un rôle à jouer sur la question de l’affichage de la composition de ces produits pour une bonne information des consommatrices. Les acteurs concernés ont répondu présents vendredi et plusieurs pistes d’actions ont été envisagées ».

Une excellente nouvelle, estime Thomas Laurenceau, rédacteur en chef de 60 millions de consommateurs : « en imposant aux fabricants d’être plus transparents sur la composition de leurs produits, on contribue forcément à améliorer, in fine, leur qualité et leur sécurité ».

Le journaliste retient de cette histoire « qu’une jeune fille de 19 ans, à force de ténacité, a contribué à de telles révélations. Un magnifique symbole de ce que peut être le pouvoir des consommateurs, à l’heure d’Internet et des réseaux sociaux, pour peu qu’ils en usent intelligemment ».

Quant à Mélanie Doerflinger, elle se félicite de cette mobilisation et des résultats qu’elle est parvenue à obtenir. Elle sera reçue jeudi au ministère de la santé. L’occasion pour la jeune femme de s’assurer que les promesses d’action des pouvoirs publics seront bien tenues. « Ça a été dur au début, commente-t-elle. Les gens pensaient que le sujet n’était pas important et je manquais de réseau pour mobiliser. Je me suis accrochée ». Sa ténacité a payé.

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