Lecture d’été : le burn out par P. Zawieja

Avez-vous parmi vos proches, vos collègues, ou avez-vous vous-même souffert de ce mal dont on parle de plus en plus : le « burn out », que l’on peut traduire par épuisement professionnel ? Ce ne serait pas étonnant puisqu’une récente enquête estime qu’un salarié français sur 9 en est atteint.
Cela n’est pourtant qu’une estimation, car les définitions, les symptômes et donc le diagnostic du burn out sont très divers.
Le livre de Philippe Zawieja, sorti en début d’année, tente de résumer les différents travaux effectués sur le burn out, depuis la naissance officielle du terme sous la plume de H.B. Bradley en 1969. 

Définition et signes du burn out

L’auteur reprend une définition de 1998, proposée par Schaufeli et Enzmann, qui opère la synthèse la plus consensuelle sur le sujet, en décrivant que : « Le burn out est un état d’esprit durable, négatif et lié au travail, affectant des individus ‘normaux’. […] Cette condition physique est progressive et peut longtemps passer inaperçue du sujet lui-même. Elle résulte d’une inadéquation entre les intentions et la réalité professionnelle. »

Les différents travaux effectués depuis l’émergence du concept en 1969 ont donné lieu à plusieurs explications retraçant les grandes étapes que les victimes d’épuisement professionnel ont tendance à traverser. L’un des points qui ressort avec force des différentes théories sur le burn out est qu’il est finalement bien complexe de vouloir trouver un schéma unique de développement de la maladie. En effet, les causes et les manifestations du burn out sont multiples et n’apparaissent ni au même moment, ni dans le même ordre selon les individus.

Causes et conséquences du burn out

Le burn out apparaît la plupart du temps suite à un engagement professionnel excessif ou au contraire suite à un ennui au travail. Dans les deux cas, il y a un manque d’ajustement entre l’exigence de la tâche à effectuer par le salarié par rapport à ses ressources, qu’il s’agisse de ses ressources propres (ses qualités, ses compétences) ou des ressources que l’entreprise met à sa disposition pour l’aider à réussir sa mission. 
Le burn out peut aussi apparaître en réponse à un stress professionnel chronique.

Puis surgissent, selon les personnes touchées, différentes réactions comme la frustration, le désengagement ou au contraire le besoin insistant de gratification, l’anxiété, le sentiment de déshumanisation, le cynisme, la perte du sentiment d’accomplissement personnel, et finalement dans tous les cas, un épuisement professionnel qui parfois s’insinue jusque dans la sphère privée.

L’auteur consacre d’ailleurs plusieurs pages pour décrire les différences et similitudes entre le burn out et les différentes souffrances psychologiques qui n’ont pas forcément de lien avec le monde du travail, comme l’état de stress post-traumatique ou la dépression.

Qui serait le plus touché ? 

L’un des déterminants les plus évidents du burn out serait le secteur professionnel. Les professions en contact avec la souffrance sont particulièrement touchées, et il apparaît qu’en France, 50% des personnes travaillant comme soignants traverseraient des phases de burn out.
Les postes en contact avec le public sont également plus exposés que les autres.
La situation familiale entre aussi en jeu. Ainsi les hommes célibataires seraient-ils davantage sujets au burn out, d’une part car ils consacrent plus de temps au travail et ont tendance à passer par une phase d’engagement excessif, et d’autre part parce qu’ils ne peuvent pas compenser les tensions du travail grâce à un bon équilibre familial.
Enfin, les personnes qui ont une nature perfectionniste sont plus enclines à traverser des épisodes de burn out.

Un phénomène de mode ?

A la fin du XXème siècle, on ne jurait que par le concept de « stress »… Celui-ci semble laisser sa place à celui du burn out ! Finalement l’un et l’autre sont intimement liés puisque c’est bien souvent l’état de stress qui entraine un éventuel épuisement professionnel.

L’auteur pose pourtant la question d’une possible dramatisation actuelle de ce problème d’épuisement, voire de souffrance au travail, car s’il est bien réel, et qu’il touche 5 à 10% de la population active, il s’agirait de ne pas oublier de parler des 90 à 95% pour qui le travail n’est pas avant tout synonyme de souffrance !

Le Burn out par Philippe Zawieja – Editions PUF – Collection Que sais-je.

Témoignage

Myriam, 34 ans, chef de groupe en France dans une multinationale de biens de consommation.

66 Millions d’impatients : À quel moment avez-vous ressenti que les épisodes de surcharge de travail n’étaient plus stimulants mais épuisants ?
Myriam : Au moment où je sentais que je n’étais plus capable d’assurer mon travail. J’avais l’impression que mon cerveau fonctionnait au ralenti. Ce qui m’a le plus alertée a été que je ne parvenais plus à intervenir en réunion alors que jusque là j’avais toujours été très réactive.

Qu’est-ce qui a selon vous provoqué le burn out ?
C’est une accumulation de choses mais principalement des changements de cap stratégique incessants. Le mode de management devenait contre-productif. On nous imposait de nouveaux objectifs sans arrêt, sans nous expliquer vraiment pourquoi. Mon travail me semblait manquer de sens, et comme je devais en plus transmettre à mon équipe ces indications que je ne comprenais pas moi-même, cela me démoralisait.

Quel a été le déclencheur, la prise de conscience qui a fait que vous vous êtes rendue compte qu’il y avait un problème ?
Je n’arrivais plus à dormir. Mon cerveau semblait ne jamais pouvoir déconnecter. Un week-end, je suis passée voir mes parents, et mon père en me demandant tout simplement si j’allais bien, m’a fait fondre en larmes…

À quoi serez-vous vigilante à l’avenir pour ne pas risquer à nouveau de tomber dans l’épuisement professionnel ?
Je vais vraiment faire attention à ménager mon temps pour systématiquement réfléchir, me reposer, prendre du recul. Je dois apprendre à ne pas m’investir à 100%, ce qui n’est pas à priori ma nature.

Qu’est-ce qui vous a aidé à reprendre confiance et avoir envie de reprendre le travail ?
J’avais besoin à nouveau de socialisation, de voir des gens ! Mes collègues me manquaient à vrai dire, j’avais envie de les retrouver à la machine à café !

 

 

 

 

 

Laisser un commentaire public

Votre commentaire sera visible par tous. Votre adresse e-mail ne sera pas publiée.

Logo Santé Info Droits

Êtes-vous satisfait
du site internet de
France Assos Santé ?

Donnez votre avis, en moins de 10 min !

ENQUÊTE

Non merci, je ne veux pas donner mon avis

Partager sur

Copier le lien

Copier