Vaccination contre la grippe, c’est l’heure !

La grippe frappe à nos portes… Chaque année, elle arrive doucement vers le mois de novembre pour se terminer tout à fait en avril. Pour la saison 2014-2015, le pic de l’épidémie pourrait avoir lieu sous peu, entre fin décembre et début janvier. Comme tous les ans, elle va toucher en moyenne 2,5 millions de Français*. Est-il encore temps de se faire vacciner ?

C’est ce que nous allons voir avec le Professeur Jean-Louis Koeck, chef du Service de biologie médicale et du Centre de vaccinations internationales, à l’Hôpital d’instruction des armées Robert Picqué de Bordeaux.
Avec lui, nous élargirons le débat sur la vaccination à l’heure où se prépare la future loi Santé proposée par Marisol Touraine, qui envisage de permettre aux pharmaciens de vacciner leurs patients et d'élargir les compétences des sages-femmes à vacciner.  

66 Millions d'Impatients : Cela vaut-il encore la peine de se faire vacciner contre la grippe ?

Pr Koeck : Oui, absolument. Une fois que le vaccin contre la grippe a été administré, il faut 2 à 3 semaines pour qu'il soit  efficace. Le pic de l’épidémie n’est pas encore arrivé, il survient en général début janvier, voire début février. Il n’est donc pas trop tard, au contraire, c’est le bon moment !

Jusqu’à quand est-ce intéressant de se faire vacciner contre la grippe ?

Dès lors que l’on entame le plus fort de l’épidémie, cela devient chaque jour moins intéressant. Cela dit, si l’on décide de se vacciner fin janvier et que l’on est confronté au virus en février ou en mars, cela reste bénéfique. 

Est-ce que tout le monde a besoin de se faire vacciner ?

L'intérêt de la vaccination contre la grippe est d'éviter les complications qui surviennent chez les personnes les plus à risque. A priori, une personne jeune et en bonne santé n’a aucun risque de mourir de la grippe. Le bénéfice est alors de rester disponible car la grippe, du fait de la forte fièvre, des maux de tête, des douleurs musculaires et articulaires peut s’avérer très invalidante. Elle est donc loin d’être anodine, entraînant selon l’Institut de veille sanitaire entre 8 000 et 9 000 décès annuels, essentiellement chez les plus de 65 ans.

Qui doit se faire vacciner en priorité ?

Comme nous venons de le voir, chez les plus de 65 ans, la vaccination est bénéfique.
Pour les couvertures vaccinales actuelles (environ 50 %), la vaccination permet d’éviter environ 2 000 décès chaque année, c’est loin d’être négligeable ! On pourrait augmenter le nombre de vies épargnées si la couverture vaccinale était plus élevée.

Outre les personnes âgées, les personnes qui souffrent de maladies chroniques, comme le diabète de type 1 et 2 ou les maladies respiratoires, sont également plus fragiles face à la grippe et il leur est conseillé de se faire vacciner.

Enfin, même en bonne santé, il est recommandé aux personnes qui vivent en collectivités de se faire vacciner, notamment les personnels de maison de retraite et bien évidemment les professionnels de santé, non seulement parce qu’ils sont davantage exposés mais aussi pour éviter qu’ils ne transmettent le virus. 

Le vaccin est-il 100% efficace ?

Malheureusement, non. L'efficacité du vaccin dépend de plusieurs facteurs. Tout d'abord, l'adéquation entre les virus grippaux inclus dans les vaccins et les virus qui sont responsables de l'épidémie en cours. En effet, le vaccin ne protège pas de toutes les grippes. On peut être touché par une infection grippale due à un autre virus que celui pour lequel le vaccin est préparé.
En effet, le vaccin est différent chaque année car les virus subissent des mutations régulièrement. Le vaccin contre la grippe est composé chaque année par les souches les plus récentes de 3 virus en circulation. Pour la saison actuelle 2014-2015, la composition du vaccin est identique à celle de l'an dernier   mais nous ne sommes pas à l’abri que les virus évoluent dans les semaines à venir et rendent le vaccin moins efficace.
Le deuxième élément à prendre en compte pour l’efficacité du vaccin grippal est la capacité de la personne à produire des anticorps protecteurs. Ainsi, le vaccin est moins efficace chez les personnes âgées car leur réponse immunitaire est diminuée en raison du vieillissement cellulaire. Malgré cela, comme nous venons de le voir, étant donné le nombre de décès évités chaque année, la vaccination des plus de 65 ans reste très bénéfique.
De plus, même si le vaccin n’est pas efficace à 100 %, les personnes vaccinées qui contracteront la grippe la subiront le plus souvent de façon atténuée.

Le projet de loi Santé proposé par Marisol Touraine, prévoit que les pharmaciens pourront vacciner les patients. La vaccination contre la grippe sera-t-elle concernée par cette mesure ?

Il est prévu que le type de vaccins administrés par les pharmaciens soit déterminé par décret , et il est fort probable que celui contre la grippe en fasse partie. 

Est-ce une bonne chose que d'élargir ainsi les compétences de certains professionnels de santé en matière de vaccination?

Si cela est fait dans de bonnes conditions et permet une meilleure couverture vaccinale, c’est effectivement une bonne chose. Encore faut-il que le patient puisse être pris en charge de façon personnalisée, or pour l’instant le dispositif prévu est fragile. Il est question en effet que le suivi se fasse via le dossier pharmaceutique. Malheureusement, ce dernier enregistre les vaccins délivrés mais ne précise pas s’ils ont bien été administrés. C’est un outil qui n’a pas été conçu dans une démarche interprofessionnelle. Pour éviter notamment les risques de sur-vaccination, il faudra que les pharmaciens aient également accès au dossier médical du patient. D’autant que le dossier pharmaceutique ne renseigne pas sur les problèmes de santé des usagers. Ce problème ne concerne pas que la vaccination grippale, mais aussi d’autres vaccinations. Par exemple, les personnes à qui l’on a retiré la rate ont 100 fois plus de risques de contracter une infection à pneumocoque, et pour ces personnes, la vaccination est donc fortement recommandée. Le dossier pharmaceutique n’aidera pas le pharmacien à prendre en compte ces situations particulières, très diverses et nombreuses. En outre, le dossier pharmaceutique n’est pas accessible aux patients, et selon moi, c’est là le gros point  noir de ce système. Il faut donner aujourd'hui aux citoyens la possibilité de bénéficier d’une information personnalisée et d’un accès direct à leurs traces vaccinales, pour finalement leur permettre d’être acteurs de leur propre santé.

Vous avez conçu un site internet qui permet d’établir son propre carnet de vaccinations personnalisé ?

Oui, il s’appelle mesvaccins.net. C’est un site où, en renseignant les informations de vaccination de votre carnet de santé ainsi qu’un questionnaire sur votre état de santé, vous obtenez votre carnet vaccinal personnalisé. Vous pouvez ensuite le partager avec votre médecin généraliste, les spécialistes qui vous suivent ou votre pharmacien. Le patient est maître de ses informations. De notre côté, nous nous engageons à ne pas en faire un usage commercial. L’étude des données anonymes, réservée aux autorités de santé, contribue à améliorer la politique vaccinale. Par ailleurs je précise que nous ne touchons aucune subvention de laboratoire, ni n’hébergeons de publicité sur notre site, qui a été conçu avec l’aide de bénévoles. L’idée n’est pas d’inciter absolument tout le monde à faire tous les vaccins possibles, mais à obtenir une information claire sur les recommandations vaccinales, régulièrement mises à jour et adaptées au cas de chacun. Il a été montré que le carnet de vaccination électronique permet de mieux vacciner, en réduisant autant les sur-vaccinations que les sous-vaccinations.

* Chiffres INSERM 

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