La consommation d’antibiotiques toujours en hausse

Malgré les différents plans d’action mis en place par les pouvoirs publics ces dernières années, la consommation d’antibiotiques continue de progresser en France. Dans la foulée de la présentation hier d’une étude sur la consommation de ces antibactériens par l’Agence du médicament, 66 Millions d’Impatients lance une série d’articles qui chaque semaine s’intéressera aux moyens envisagés afin de réduire l’utilisation d’antibiotiques.

Près de 6%. Tel est le taux d’augmentation de la consommation d’antibiotiques en 2013 par rapport à 2010, selon des données publiées jeudi 6 novembre par l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM). Une augmentation attribuable au vieillissement de la population ? « Ce facteur démographique, répond l’ANSM, n’est pas spécifique à la France : il concerne également les pays européens qui ont réussi à maintenir un niveau modéré de prescription d’antibiotiques ».

De fait, la France demeure l’un des pays d’Europe où le niveau de consommation d’antibiotiques est le plus élevé, à égalité avec Chypre, derrière, la Grèce, la Roumanie et la Belgique. « La consommation en Europe, indique l’ANSM, peut être schématiquement divisée en trois zones : les pays du Nord, faibles consommateurs d’antibiotiques, les pays de l’Est, consommateurs modérés et les pays du bassin méditerranéen, forts consommateurs ».

La France, un des plus mauvais élèves européens

A noter quand même que de considérables progrès ont été réalisés depuis le début des années 2000 alors que le niveau de consommation était de 10 % supérieur à ce qu’il est aujourd’hui. Une diminution que les experts attribuent à la mise en place dès 2001 d’un plan national pour préserver l’efficacité des antibiotiques.

« De nombreuses actions ont été ensuite engagées, notamment par l’assurance maladie dont la première campagne auprès du public a significativement contribué à la baisse du niveau des consommations en ville. Les évolutions de ces dernières années conduisent à se demander si cette dynamique ne s’est pas essoufflée ».

Pourquoi est-il si important de limiter la consommation d’antibiotiques ? « Parce qu’utilisés à tort, ils deviendront moins forts », répond l’Assurance maladie dans une campagne grand public récente. L’utilisation massive d’un antibiotique contribue, au fil des expositions, au développement de souches bactériennes résistantes.

Environ 25 000 décès chaque année liés aux bactéries résistantes

« Chaque antibiotique sélectionne des bactéries résistantes à lui-même », explique l’agence dans un document publié en 2013 (lien vers ledit rapport de l’Ansm de novembre 2013) visant à caractériser les antibiotiques « critiques » (ceux par exemple qui sont plus particulièrement à l’origine de cette antibio-résistance). Le développement de ces souches résistantes laisse les prescripteurs sans solutions thérapeutiques… et fait courir aux personnes éventuellement infectées de graves dangers.

Connu depuis plusieurs décennies, ce phénomène s’est rapidement imposé comme un véritable problème de santé publique contre lequel les autorités peinent à lutter, en France notamment. On estime qu’au sein de l’Union européenne, les infections causées par des micro-organismes résistants aux antibiotiques sont responsables chaque année d’environ 25 000 décès et d’un surcoût en soins et en perte de productivité d’1,5 milliard d’euros.

Les prescriptions d’antibiotiques proviennent en majorité des médecins exerçant en ville – 125 millions d’unités (boîtes) vendues en 2013 contre à peine 18 millions d’unités vendues dans le secteur hospitalier. Les affections respiratoires constituent le principal motif de prescription d’antibiotiques (7 ordonnances sur 10), suivies dans une moindre mesure par les infections urinaires et les otites.

L’efficacité douteuse des différents plans de maîtrise

En novembre 2011, les pouvoirs publics lançaient un troisième plan national (suite à un premier programme d’actions mis sur pied de 2001 à 2005 puis un deuxième de 2007 à 2010) visant à assurer une plus juste consommation de ces médicaments.

« Une réponse visible face au péril que représentent les bactéries multi-résistantes aux antibiotiques, indiquait alors le ministère de la Santé, est de fixer un objectif de réduction de la consommation pour la durée du plan (qui court jusqu’en 2016, ndlr). Celui-ci pourrait être de l’ordre de 25% sur cinq ans comme le préconisent les experts. »

Ce qui reviendrait à s’ajuster sur la moyenne européenne. Les pouvoirs publics envisagent trois pistes pour parvenir à cet objectif : améliorer l’efficacité de la prise en charge des patients, préserver l’efficacité des antibiotiques et promouvoir la recherche.

Focus sur les moyens mis en œuvre par les pouvoirs publics

Parmi les mesures concrètes avancées, retenons la volonté d’optimiser l’information des professionnels de santé, de sensibiliser les patients aux enjeux d’une consommation raisonnée, de renforcer la surveillance des délivrances, de limiter la dispensation des antibiotiques de dernier recours ou encore d’encourager la recherche et les laboratoires à réinvestir dans le développement de nouveaux médicaments.

Dans les prochaines semaines, 66 Millions d’Impatients développera, à l’occasion d’une série d’articles, ce qu’on peut attendre des principales mesures du troisième plan national de maîtrise de la consommation d’antibiotiques, en apportant par ailleurs son éclairage sur ce que les patients doivent savoir afin d’y participer.

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